L'enclavement est-il une fatalité pour les industries du bois ? Eléments de réponse à partir du cas de l'Acre (Brésil)

Résumé

L'État de l'Acre jouxte les frontières de la Bolivie et du Pérou. Une seule route le traverse et le connecte au sud-est du pays. La distance routière jusqu'aux principaux centres urbains du sud du Brésil (4 000 km de Sâo Paulo) en fait l'un des États les plus reculés du Brésil. Les marchés domestiques représentent le débouché essentiel de la production brésilienne de bois tropicaux. Ils sont principalement constitués par les États du sud-est du Brésil. Pour les approvisionner, l'Acre est en compétition avec le Rondônia et le Mato Grosso. Mais l'enclavement bride sérieusement la capacité des usines de l'Acre à accroître leurs débouchés. Les produits de l'Acre sont aujourd'hui condamnés à se substituer exceptionnellement à ceux des autres États, lors de pénuries occasionnelles. Cependant, quelques entreprises de l'Acre ont investi le domaine des produits de qualité secondaire et des essences secondaires, avec des prix plus faibles. Ce domaine offre une moindre marge bénéficiaire mais, justement pour cette raison, il est peu exploité par les entreprises du Rondônia et du Mato Grosso, et la compétition est donc évitée. Pour une même ressource relativement homogène et organisée en massif, la rationalisation et l'optimisation économique tendent à orienter les industries situées dans la zone centrale du massif vers des stratégies et niches de marché particulières, différentes de cettes ciblées par les entreprises situées en zone périphérique. L'enclavement, tout en restant un facteur limitant majeur, n'empêche pas certaines spécialisations industrielles liées à la localisation des entreprises et à la nature des différents marchés. (Résumé d'auteur)