Printemps et Journées internationale et mondiale des forêts, du bois et de l’eau

Auteurs

Marie-France THÉVENON
Cirad, UPR BioWooEB
Cirad, UPR BioWooEB
Jean-François TRÉBUCHON
Cirad, UPR Forêts et Sociétés

DOI :

https://doi.org/10.19182/bft2024.359.a37458

Résumé

L’équinoxe de printemps, symbole de renouveau dans plusieurs régions du monde, se célèbre en mettant souvent à l’honneur des éléments de la nature. Le printemps annonciateur de jours longs, lumière, bourgeons et fleurs, se décline à l’envi selon les pays et on l’accueille de manière festive et différente : avec des couleurs (Holi) en Inde1 et au Népal ; des feux de joie, une table et une gastronomie toute particulière pour Nowrouz1 (jour de l’an) en Asie centrale ; en admirant les fleurs de cerisier (Hanami) au Japon, et avec tant de chants, de poèmes, toutes cultures confondues.

C’est aussi en cette période de l’année que l’Organisation des Nations Unies a proclamé la Journée internationale des forêts2 et la Journée mondiale de l’eau3, les 21 et 22 mars respectivement, auxquelles s’est adossée la Journée mondiale du bois soutenue par la World Wood Day Foundation4 (reconnue par l’Organisation des Nations Unies), nous rappelant ainsi le nexus entre l’eau, la forêt et le bois. Aborder les liens complexes et multiples entre eau, forêt et bois, leurs différentes facettes, les variantes et variables associées, les changements, les modèles, les prévisions et prospectives, est un travail titanesque devant agglomérer des champs de compétences immenses et variés.

Ces Journées internationale et mondiale ont vocation à donner de la visibilité à des enjeux majeurs en permettant une sensibilisation du plus grand nombre via les pouvoirs publics et la société civile. Chaque année, ces Journées internationale et mondiale abordent un thème et en 2024, « Forêts et innovation : de nouvelles solutions pour un monde meilleur » côtoiera « La diversité des bois dans la Culture » et « L’eau pour la paix ».

Sans eau, pas de vie, pas de forêt et pas de bois, est un poncif. L’eau est nécessaire à la germination des graines, à la croissance des arbres et autres végétaux. Les arbres produisent, entre autres, du bois : un matériau utilisé depuis des temps immémoriaux, stock de carbone pendant sa durée de vie, recyclable et biodégradable. La forêt, quant à elle, assure des fonctions écosystémiques considérables : (1) un service de production de ressources multiples ; (2) un service de régulation (des sols, de l’air, du cycle de l’eau et des températures) permettant un bon fonctionnement de l’écosystème, le maintien de la biodiversité (photos 1), le stockage de CO2 et l’atténuation du réchauffement climatique ; (3) un service sociétal et culturel7. Les forêts couvrent 4,06 milliards d’hectares et contiennent plus de la moitié du stock de carbone (dans les sols et les végétaux), et les bassins versants forestiers et zones humides fournissent 75 % de l’eau douce accessible et dont plus de la moitié de la population mondiale est tributaire (Sarre, 2019).

Outre ces faits à exposer et/ou à rappeler pendant ces Journées internationale et mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture7 (FAO) a dégagé des messages clés à transmettre. Innovations et technologies développées ces dernières années : (1) permettent d’utiliser de nouveaux moyens importants de surveillance des forêts et de communiquer et d’échanger des informations à ce sujet ; (2) sont nécessaires pour mettre un terme à la déforestation et à la dégradation des forêts, en particulier lors des incendies ; (3) donnent des moyens aux populations autochtones de cartographier et protéger des terres coutumières (photo 2) ; (4) contribuent à trouver des solutions pour la restauration des écosystèmes, afin de limiter le réchauffement climatique. De plus, la recherche relative aux produits forestiers ligneux ou non, permettra de trouver des matériaux de construction, mais aussi de nouvelles molécules, fibres et solutions pour la chimie innovante de substitution ou non. Ces messages clés, se déclineront différemment selon les zones géographiques, les interlocuteurs et le niveau décisionnel des parties prenantes. À l’innovation technologique, qu’elle soit incrémentale, transformatrice ou disruptive, il faudra ajouter des considérations politiques, de formations et de rémunérations afin que ces innovations profitent aux innovateurs, ainsi qu’aux communautés et aux acteurs qui les mettront en œuvre (Nasi, 2024).

Au regard des enjeux, des innovations, des gouvernances à venir, il apparaît crucial de publier les nouvelles connaissances relevant de questions scientifiques souvent socialement vives, en adoptant une évaluation rigoureuse et impartiale (Bergandi, 2018). En les partageant librement, Bois et Forêts des Tropiques et toute son organisation contribueront sans relâche à leur transmission et à la progression certaine du savoir. Ainsi, à l’issue du cycle inexorable des saisons, le printemps prochain et ces Journées internationale et mondiale seront sans doute annonciateurs de nouveautés et de découvertes qu’il nous faudra continuer à diffuser.

 

1 UNESCO, Patrimoine culturel immatériel, https://ich.unesco.org/

2 Organisation des Nations Unies, Journée internationale des forêts, https://www.un.org/fr/observances/forests-and-trees-day

3 Organisation des Nations Unies, Journée mondiale de l’eau, https://www.un.org/fr/observances/water-day

4 World Wood Day Foundation, http://www.worldwoodday.org/foundation.php

5 Unesco, Convention du patrimoine mondial, https://whc.unesco.org/fr/list/486

6 Organisation des Nations autochtones de Guyane (ONAG), https://www.ohchr.org/sites/default/files/Documents/Issues/IPeoples/EMRIP/Session13/submissions/LAC/2020-12-03-organisationdesnations-autochones-de-guayane-nag.pdf

7 Food and Agriculture Organization (FAO) of the United Nations, International Day of Forest 2024, Key messages, https://www.fao.org/international-day-of-forests/key-messages/

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En Guyane française, les peuples autochtones, Lokono, Pahikweneh, Teko, Kali'na Teleuyu, Wayampi, et Wayana6, se sont installés le long des fleuves, et ont toujours gardé des liens très étroits avec l’eau, la forêt et le bois. Fleuve Kourou, Guyane française. In French Guiana, the indigenous peoples - Lokono, Pahikweneh, Teko, Kali'na Teleuyu, Wayampi and Wayana6 - settled along the rivers, and have always maintained very close links with water, forest and wood. Kourou River, French Guiana. Photo K. Candelier.

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Reçu

2024-05-13

Publié

2024-02-29

Comment citer

THÉVENON, M.-F., CANDELIER, K., & TRÉBUCHON, J.-F. (2024). Printemps et Journées internationale et mondiale des forêts, du bois et de l’eau. BOIS & FORETS DES TROPIQUES, 359, 3–4. https://doi.org/10.19182/bft2024.359.a37458

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