Guiera senegalensis : espèce agroforestière ?

Résumé

L'auteur, qui a travaillé dans le cadre du Projet de Recherche -Développement sur le rôle de l'arbre en exploitation agricole et a été mis à la disposition de la DRPF/ISRA du Sénégal, a étudié la production d'un recrû de Guiera senegalensis pendant la saison sèche qui sépare deux périodes de culture. Il constate que, sur les sols sableux du village de Thiénaba , cet arbrisseau de la famille des Combretaceae, possédant un fort enracinement, est simplement taillé au ras du sol au moment de la mise en culture en mai-juin, puis rabattu au cours des sarclages. Dès la récolte du mil et de l'arachide en septembre-octobre, il émet des rejets de souche qui ont un rôle de fixation du sol contre l'érosion éolienne (formation de petites élévations). Une étude menée suivant un sondage à 1,5 ‰ montre que la production de bois de feu en poids sec est d'environ 225 kg/ha. Ramenée aux 250 ha du terroir et en déduisant les zones d'où le guiéra est absent, celle production couvre environ la moitié des besoins de la population.
Les feuilles el les brindilles sont laissées sur le sol au moment de la remise en culture et constituent un mulch. Celui-ci a un poids sec moyen d'environ 400 kg /ha sans tenir compte des feuilles, fleurs et fruits tombés sur le sol durant la saison sèche. Il est probable que cet arbuste joue donc un rôle essentiel sur le maintien de la fertilité (taux de matière organique, remontée d 'éléments minéraux des horizons profonds).
L'étude devrait être complétée par une analyse pédologique, par une estimation du rôle antiérosif et de la fixation de sable éolien en période d'harmattan. C'est donc une véritable micro-jachère, pouvant être qualifiée de dérobée ou de contre-saison puisqu'elle se pratique en dehors des périodes culturales, que les paysans de ce terroir utilisent traditionnellement.