L'utilisation intégrale des forêts tropicales est-elle possible? Référence à l'Afrique tropicale au Sud du Sahara

Résumé

I. - Considérations générales.
L'utilisation intégrale des ressources d'une forêt tropicale d'altitude risque de créer de graves difficultés quant à sa régénération future, en raison de la destruction partielle du milieu naturel lorsque la forêt est entièrement exploitée. Dans ce cas, la forêt cesse d'être une ressource renouvelable et le résultat final va à l'encontre de l'objectif visé.
II. - Il faut d'abord savoir utiliser et commercialiser le bois de toutes les essences de la forêt.
Du fait de sa nature complexe de forêt naturelle, sans schéma de culture, la forêt tropicale d'altitude contient plusieurs centaines d'espèces d'arbres dont le bois n'est pas totalement utilisable en tant que tel (menuiserie, charpente, contreplaqué) mais est utilisable en tant que matière première (pour la pâte à papier ou comme source d'énergie).
III. - Il faut ensuite maîtriser le problème sylvicole de la régénération de la forêt après son exploitation intégrale.
Alors que la régénération naturelle crée une nouvelle formation forestière complètement différente de la futaie initiale, et d'une valeur économique bien moindre, la régénération artificielle est possible avec certaines essences qui poussent à la lumière du jour (Eucalyptus, Pinus, Tectona, Cedrela, Aucoumea, Terminalia, Triplochiton), à condition que le sol n'ait pas été trop perturbé par les travaux.
IV. - Enfin, il faut tenir compte des nouveaux problèmes écologiques qui peuvent se poser.
On ne transforme pas impunément un écosystème forestier en coupe rase, et sur les pentes abruptes et les terrains fragiles, surtout en cas de brûlage répété, des phénomènes d'érosion et de lessivage sont à craindre. Des recherches dans ce domaine sont en cours en Afrique et en Guyane.
V. - Les obstacles technologiques et leur solution.
Sur la base des caractéristiques physiques, mécaniques et d'usinabilité, maintenant bien connues des bois africains, des recherches sont menées pour neutraliser les contraintes de croissance, pour valoriser les bois peu fréquents ou de petites dimensions (lamellé-collé), pour améliorer les rendements d'exploitation, pour réduire les pertes de bois dues aux fentes d'abattage.
Par ailleurs, les équipements à haut rendement utilisés dans les forêts de résineux ont été adaptés à l'exploitation forestière intégrale et des recherches sont développées pour utiliser le bois comme source d'énergie ou de carbone pour l'industrie sidérurgique.
VI. - Les solutions possibles.
Les solutions doivent avant tout passer par une industrialisation intégrée de la sylviculture, utilisant tout le bois, en tant que tel ou en tant que matière première ; elles doivent également passer par la mise au point de méthodes sylvicoles fiables permettant la régénération de la forêt et évitant les difficultés d'ordre écologique.
VII. - Conclusions.
Tout en affirmant que l'utilisation intégrale de la forêt est possible si les conditions ci-dessus sont remplies, l'auteur discute des formes de développement correspondantes et résume les résultats à attendre sous forme de tableaux.