Disparition de Sylvie Gourlet-Fleury : une vie entièrement vouée aux forêts tropicales
Reconnue, respectée et estimée dans le monde forestier tropical, impliquée dans la formation des jeunes chercheurs du Sud, Sylvie Gourlet-Fleury était une scientifique dotée d’une détermination et d’une générosité que rien ne pouvait entamer. Elle nous a quittés le 22 janvier 2023 au terme d’un long combat contre la maladie.
Sylvie était Ingénieure du génie rural des eaux et des forêts et docteur en sciences. Elle avait soutenu sa thèse sur la dynamique forestière en Guyane. La passion l’avait prise. Depuis, elle s’est entièrement impliquée dans la gestion et la conservation des forêts tropicales.
Travailleuse infatigable, dotée d’une rare ténacité, armée d’une rare compétence, elle conciliait la conduite de projets scientifiques d’envergure avec la fréquentation assidue des forêts, dans des conditions physiques parfois éprouvantes. Mais Sylvie était une bâtisseuse et, pour cela, allait au contact des arbres, de ces arbres qu’elle aimait, quels qu’ils fussent.
Elle s’affirmait convaincue du rôle premier de la formation et, pour cela, intervenait en soutien dans des universités d’Afrique centrale, et encadrait des doctorants du Nord comme du Sud, les formant avec une attention, une rigueur et un sens du partage qui forçait l’admiration de ses collègues.
Sylvie était une personne inapte au découragement, incapable de laisser tomber quoi que ce soit, armée d’un dynamisme et d’une espérance qui l’ont animée jusqu’au bout. D’une énergie contagieuse, elle savait motiver les autres membres de la communauté forestière tropicale. Ses réflexions sur le devenir des forêts ne paraissaient jamais cesser en elle. C’était ce devenir-là auquel elle semblait tenir avec le plus de force et d’engagement.
Et puis, le ciel s’est brusquement couvert. Un cyclone est passé et le grand arbre s’est abattu, creusant la forêt et la communauté scientifique d’un vide immense. En termes forestiers, cela s’appelle un chablis. Lorsqu’un arbre ainsi tombe au milieu de ses proches, l’ouverture est vouée à se combler. La forêt fait son deuil.
Mais la présence de l’arbre, même disparu des yeux, demeure.