Aviculture traditionnelle au Maroc : pratiques d’élevage et performances des troupeaux à Khémisset et Skhirate-Témara

Résumé

Contexte : L’aviculture traditionnelle occupe une place importante dans les zones rurales du Maroc. Cependant, sa gestion demeure informelle et les données relatives aux performances du poulet local Beldi soient limitées. Objectif : La présente étude se propose de caractériser les pratiques d’élevage en milieu familial et d’évaluer les performances zootechniques des poulets Beldi dans deux régions contrastées : Khémisset, où l’aviculture traditionnelle est prédominante, et Skhirate-Témara, région à forte intensification avicole coexistant avec le secteur traditionnel. Méthodes : Une enquête de terrain a été menée de novembre 2020 à mars 2022 auprès de 320 ménages sélectionnés aléatoirement (179 à Khémisset et 141 à Skhirate-Témara). Les données ont été recueillies via des entretiens directs à l’aide d’un questionnaire semi-structuré, complétés par des observations sur le terrain et des mesures zootechniques. Au total, 240 poules et 134 coqs ont été pesés à l’aide de balances électroniques, et 200 oeufs ont été mesurés (poids, longueur, largeur) à l’aide d’un pied à coulisse. Les données ont été analysées à l’aide de statistiques descriptives et de tests du Khi-deux, et ont porté sur la composition des troupeaux, les pratiques de conduite et les performances de production. Résultats : Il en ressort que 86 % des élevages sont gérés par des femmes, avec un taux d’analphabétisme atteignant 76 %. Les poules locales constituent 84 % des effectifs, avec une taille moyenne de 25 sujets par exploitation. L’alimentation repose principalement sur la divagation, complétée par l’orge, du pain rassis et des restes ménagers. La mortalité juvénile atteint 64 %, en lien avec des pratiques inadaptées d’élevage des poussins. La ponte moyenne est de 79 oeufs/an/poule, pour un poids moyen de 54,3 ± 5,4 g. Le poids vif moyen est de 1407 ± 291,9 g chez les poules et de 1758 ± 335,2 g chez les coqs, avec de légères variations régionales. La gestion sanitaire reste précaire, avec 96 % des éleveurs signalent des épisodes fréquents de maladies, tandis que seuls 5,4 % ont recours à des services vétérinaires. Les mesures de biosécurité sont faibles, avec un recours dominant aux remèdes traditionnels ou à l’automédication sans encadrement professionnel. Ces résultats mettent en évidence les contraintes majeures liées à la mortalité élevée, aux carences alimentaires, à l’insuffisance des infrastructures et à la faiblesse de l’encadrement vétérinaire. Conclusions : Des actions ciblées en matière de conduite d’élevage, de biosécurité et d’appui vétérinaire s’avèrent nécessaires pour améliorer la durabilité et la productivité de l’aviculture familiale au Maroc.