L’élevage de chèvre pour leur lait peut-il être une opportunité viable pour les petites exploitations agricoles intégrant cultures et élevage dans le Delta du Nil (Egypte) ?

Résumé

Contexte : L’Egypte, troisième pays le plus peuplé d’Afrique, connaît une fragmentation intense des terres dans le delta du Nil, la plupart des exploitations agricoles faisant moins d’un demi-hectare. L’agriculture, qui emploie 30 % de la population, est confrontée à des problèmes de pénurie d’eau et de baisse de la fertilité des sols. Les grands ruminants sont de plus en plus difficiles à élever en raison des coûts élevés des aliments, aggravés par la dévaluation de 2016 et la guerre Ukraine-Russie de 2022. Objectif : Cette étude explore les stratégies de diversification dans les petites exploitations de Beheira (delta du Nil), en se concentrant sur le potentiel des petits ruminants comme alternative économique. Méthodes : La présente étude propose d’analyser les systèmes agricoles en utilisant l’approche agraire, en collectant des données à travers des observations du paysage et des entretiens avec des agriculteurs menés en 2023. Une analyse technico-économique évalue les performances des exploitations et des simulations explorent les avantages économiques de l’intégration des chèvres Zaraibi, en se concentrant sur le mode de reproduction et le prix du lait de chèvre. Résultats : L’introduction de chèvres Zaraibi pourrait augmenter les revenus agricoles de 28 à 54 %, mais les défis restent nombreux, dont notamment une inflation élevée, l’accès limité à l’alimentation et aux pâturages. Conclusions : Une meilleure utilisation des résidus de récolte, des soins vétérinaires et une meilleure organisation des éleveurs à l’échelle locale sont essentielles. Le marché du lait de chèvre est très balbutiant, ce qui nécessite aussi l’organisation de réseaux d’acteurs entre l’amont et l’avant. En outre, une meilleure gestion de l’eau et un meilleur accès au crédit sont des clés essentielles à la durabilité des exploitations agricoles.