Elevage extensif au Maroc : des territoires marginaux aux rôles essentiels socio-environnementaux
DOI :
https://doi.org/10.19182/remvt.20598Mots-clés
LiFLOD 2011, ovin, volaille, bovin laitier, pastoralisme, élevage extensif, qualité des produits, agriculture intensive, race, MarocRésumé
Les évolutions récentes de l’approvisionnement en produits animaux au Maroc ont montré une nette diminution de la contribution des élevages extensifs. Dans un contexte de forte croissance démographique (de 15,3 à 32,9 millions d’habitants entre 1956 et 2013) associée à une urbanisation rapide (près de 60 % de la population vit dans des centres urbains), les habitudes alimentaires ont clairement évolué. La structure patriarcale de la société, où les repas étaient consommés collectivement à la maison, a été remplacée par des comportements plus individualistes. Par conséquent, la nature des produits animaux consommés par de grands pans de la population a changé. Les produits laitiers et à base de volaille apparaissent les mieux adaptés à ces changements car ils s’incorporent aisément aux repas rapides. D’un autre côté, la consommation de viande de boeuf et de mouton provenant des systèmes extensifs n’a pas évolué. Ces systèmes permettent cependant de valoriser de nombreux aliments riches en fibres, comme les ressources pastorales et les coproduits de la céréaliculture. Ceci leur a traditionnellement permis d’assurer des fonctions stratégiques comme le développement régional de zones marginales, la gestion des ressources naturelles, la valorisation efficace de l’eau à travers les produits d’élevage dans un pays affecté par des pénuries d’eau aiguës, et la création de richesses et d’opportunités d’emploi. Le fait que ces systèmes d’élevage extensifs aient été délaissés au profit de systèmes plus intensifs soulève de nombreuses questions. Ces derniers ajoutent une immense pression sur les ressources naturelles des zones où la production intensive est concentrée. Cela signifie aussi que l’approvisionnement en produits animaux s’est fortement fragilisé car il dépend d’intrants importés, comme des gènes animaux et des produits alimentaires (soja et maïs pour la volaille). Ces évolutions nécessitent que plus d’attention soit accordée aux systèmes d’élevage extensif car ils assurent un mode de production écologique tout en valorisant de grands espaces ruraux. Ces systèmes tiendront un rôle stratégique essentiel dans un avenir proche lorsque les questions de durabilité de l’approvisionnement en protéines animales et de préservation des ressources naturelles deviendront pressantes, et pour permettre le développement équilibré des différentes régions du pays.
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© M.T.Sraïri, publié par CIRAD 2016
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