Elevage contrôlé des grenouilles au Kivu (République démocratique du Congo)

Auteurs

    Théodore Munyuli Bin Mushambanyi

Mots-clés


zootechnie, elevage

Résumé

La raniculture (élevage des grenouilles) intéresse peu les zootechniciens ou vétérinaires, alors que les cuisses de grenouilles sont consommées dans de nombreux restaurants, particulièrement en Afrique, tandis qu'un important marché de cuisses de grenouilles existe en Europe [1] qui en importe annuellement, pour une valeur de 19 milliards de francs CFA, la plupart provenant d'Asie et d'Amérique, mais non d'Afrique [1-3]. Les populations locales (Bashi, Barega, Batembo, Babembe, Pygmées, Bomonge...) vivant dans les savanes et zones forestières à l'est de la RD Congo font saisonnièrement du braconnage de grenouilles, tant pour leur consommation locale que pour la vente dans des restaurants du pays ou des pays limitrophes. Or, en RD Congo, les grenouilles exploitées figurent sur la liste des animaux à protéger, élaborée par l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), dans le but d'aider le gouvernement congolais à élaborer une politique d'exploitation durable et de conservation de la biodiversité. En 1997, les cuisses bien préparées d'une grenouille, dans les hôtels et restaurants pour Asiatiques et Européens de Bukavu (RD Congo) et de Kampala (Ouganda) coûtaient 4-5 dollars US. En 2001, ce prix atteint 7 dollars US, 2 à 4 dollars étant rétrocédés au ramasseur. À Bukavu, entre septembre et novembre de chaque année, les ventes quotidiennes s'élèvent, dans ce type d'hôtels, en moyenne de 1 000 à 3 000 grenouilles. En Afrique centrale (RD Congo, Burundi), les cuisses de grenouilles consommées ou vendues proviennent du ramassage en milieu naturel (marais ou bas-fonds, points d'eau localisés dans les réserves forestières ou parcs). Aucun élevage contrôlé n'existe dans la région à ce jour. Cette exploitation des espèces locales pourrait réduire les populations sauvages. La mise au point d'élevages organisés pourrait être, à terme, un moyen de préservation de la biodiversité des populations sauvages locales et être un moyen créant des valeurs pour les habitants. L'élevage de grenouilles est peu répandu en zone tropicale, mais il est bien organisé en Malaisie, aux Philippines, au Brésil, en Argentine, au Mexique et en Chine [1, 2, 4, 5]. Au Burundi, on avait envisagé sérieusement d'organiser une production rationnelle avec une espèce locale (Dicroglossus occipitalis) [2], mais ce projet est resté sans suite. L'engouement des populations de la région pour la consommation des cuisses de grenouilles et la forte demande sur certains marchés africains et ou européens rendaient nécessaire l'évaluation des paramètres zootechniques, économiques, pathologiques et écologiques pour une raniculture contrôlée et rationnelle, s'intégrant comme une composante du développement rural durable [6], et source potentielle de revenus et de protéines alimentaires. Cet article présente les résultats d'un essai d'élevage de grenouilles (Rana angolensis) en étangs aménagés au Kivu (RD Congo).

Affiliations

Institut de l'environnement, Recherche agronomique et gestion des ressources naturelles pour le développement intégré et Laboratoire de recherche en entomologie, zoologie agricole et mini-élevage, Département de biologie, Centre national de recherche en sciences naturelles, CRSN-LWIRO D.S. Bukavu, Kivu, RD Congo.

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Publié

2002-07-01

Comment citer

Bin Mushambanyi, T. M. . (2002). Elevage contrôlé des grenouilles au Kivu (République démocratique du Congo). Cahiers Agricultures, 11(4), 269–274. Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30353

Numéro

Rubrique

Articles