Restauration de la végétation d'une plaine d'inondation en zone soudano-sahélienne du Cameroun

Auteurs

    Etienne Pamo Tedonkeng

Résumé

Le Yaéré, appellation locale de la zone humide s'étendant sur 190 km environ de latitude et 50 km de longitude, est un domaine d'importance stratégique pour l'économie de la partie septentrionale du Cameroun. L'irrégularité interannuelle des pluies y crée des difficultés dans la conservation des ressources naturelles ainsi que dans l'équilibre de la faune sauvage. Depuis 1979, en marge des problèmes de sécheresse, un barrage long de 28 km ainsi que des digues ont profondément modifié le régime hydrologique de la zone située en aval, avec une accélération de la dégradation du milieu, la disparition des espèces végétales appétées par les animaux domestiques et sauvages et l'envahissement progressif des pâturages et des habitats naturels par des formations ligneuses indésirables. C'est dans ce contexte qu'un effort de restauration de la flore, base de la survie d'une faune sauvage diversifiée et d'un cheptel important, a été tenté au travers d'un essai d'amélioration du niveau des inondations. Le Yaéré possède toujours des ressources naturelles d'une importance nationale et même internationale incluant les Parcs nationaux de Waza et Kalamaloué, d'où son importance pour la survie de la faune de ces parcs ainsi que de la quasi-totalité des ruminants domestiques de l'extrême-Nord du Cameroun. Les fonctions du Yaéré sont multiples. On y trouve en effet de riches terres (cultures de décrues ou cultures irriguées), des pâturages de décrues d'excellente qualité, des zones de pêche constituant une des sources de revenus de base de certaines population, ainsi qu'un potentiel touristique considérable et peu exploité. En outre cette zone humide joue un rôle important dans la régulation du cycle de l'eau et des nutriments. La végétation aquatique régresse avec le retrait de l'eau et est remplacée par une végétation terrestre. Les débris de végétaux morts sont rapidement décomposés et la matière organique est restituée au milieu aquatique à l'occasion des pluies ou crues lors de la saison humide suivante. Simultanément, les fleuves et les mayo (cours d'eau temporaire) transportent de grandes quantités de boues et de nutriments déposés ensuite dans le Yaéré. Ces deux processus, tributaires de la dynamique hydrologique, déterminent le niveau élevé de productivité de cette zone. Le Yaéré, par manque de drainage, est submergé durant la saison des pluies, qui correspond à une période de mise en défens de la zone. Le retrait progressif de l'eau et la libération de la zone pour les activités agro-pastorales, le tourisme, s'opère avec l'avancée de la saison sèche permettant une exploitation soutenue et durable du milieu.

Affiliations

Université de Dschang, FASA, Département des productions animales, BP 222, Dschang, Cameroun.

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Publié

2000-07-01

Comment citer

Tedonkeng, E. P. . (2000). Restauration de la végétation d’une plaine d’inondation en zone soudano-sahélienne du Cameroun. Cahiers Agricultures, 9(4), 347–350. Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30256

Numéro

Rubrique

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