La serriculture de la côte nord du Liban : entre tradition et intensification

Auteurs

    Thérèse Atallah
    Talal Darwish
    Roger Ward

Résumé

Cette étude a confirmé certains présupposés, dont la dépendance des horticulteurs vis-à-vis des représentants du secteur privé, qui, par leur dynamisme, ont toutefois contribué à maintenir l'activité de ces systèmes de production. Sur le plan socio-économique, dans ces cultures intensives, seules les unités de moyenne à grande taille s'agrandissent. Le risque financier est trop grand pour un petit à moyen producteur, vu les fluctuations importantes du marché local et l'absence de subventions, de planification et de protection. Les unités de taille moyenne à grande sont gérées en systèmes d'affaires plutôt qu'en exploitation familiale avec, au-delà d'une certaine dimension (donc d'un certain niveau de revenu), une gestion par des employés payés en nature. La gestion technique est presque totalement déléguée aux ouvriers-métayers, certes expérimentés en horticulture, mais dont la seule priorité est le rendement et la rentabilité du produit. L'autre contrainte d'une certaine importance est le besoin en main-d'oeuvre agricole, puisque l'ouvrier-métayer doit lui-même la payer, ce qui rend difficile l'introduction de moyens de conduite de l'irrigation et de la fertilisation qui exigeraient une plus grande activité. La durabilité écologique n'est pas prise en compte, en raison des contraintes économiques et de la résistance des acteurs de ces systèmes. Pourtant, une approche plus rationnelle, plus scientifique, fondée sur des résultats expérimentaux, sur des mesures et des suivis de l'état des sols, de la solution fertigante, du développement des maladies et des ravageurs serait nécessaire, suite aux contraintes à venir quant à la qualité des produits. Les consommateurs deviennent plus exigeants à propos des résidus de pesticides dans les aliments, d'où le recours à des produits spécifiques, à faible toxicité et à temps de rémanence court. Or, dans les conditions de production actuelles, l'horticulteur est guidé dans son choix des moyens de lutte et de la gestion en général, d'abord, par l'efficacité, ensuite, par le coût de l'opération, le recours à un produit relativement cher étant justifié par le prix du produit frais sur le marché. Étant donné l'évolution incertaine de la situation, l'horticulteur de la côte libanaise ne serait donc pas prêt à prendre davantage de risques financiers en investissant plus ou en intensifiant. Sur le plan technique, des données relatives aux besoins en eau et en fertilisants des cultures sous les conditions libanaises manquent, de même que les approches de gestion de la fertilisation et de ses conséquences sur l'environnement. Dans les conditions actuelles, les progrès techniques ne seront acceptés par les producteurs que s'ils s'accompagnent d'une diminution des frais de production. Il serait dommage que des conditions climatiques propices ne puissent pas être utilisées d'une façon plus adéquate par les producteurs libanais. D'autant plus que ces systèmes intensifs constituent une source importante de pollution de la nappe phréatique et des eaux côtières toute proche des sites de production par les engrais et pesticides. Cela indiquerait que l'impact de ces systèmes sur l'environnement est très risqué, d'autant plus que, sur le plan social et économique, leur viabilité est incertaine.

Affiliations

Faculté d'agronomie, Université libanaise, PO box 13-5368, Beyrouth, Liban. Fax, 961-1-483307.

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Publié

2000-03-01

Comment citer

Atallah, T., Darwish, T., & Ward, R. (2000). La serriculture de la côte nord du Liban : entre tradition et intensification. Cahiers Agricultures, 9(2), 135–139. Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30232

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