L'eau et l'agriculture : pourra-t-on éviter une crise ?

Résumé

Les ressources en eau renouvelables sont à peu près correctement évaluées. Seule une part d'entre elles est réellement disponible et la moyenne actuelle par habitant et par an est de l'ordre de 2 500 m3, chiffre qui dépasse à peine le seuil où des problèmes épisodiques peuvent se poser (2 000 m3). Ce chiffre moyen dissimule en outre de très grandes inégalités et de nombreux pays sont déjà largement sous le seuil critique, en particulier dans le sud de la Méditerranée et en Asie occidentale. La consommation d'eau continuera à augmenter à la suite de l'accroissement de la population mondiale, de l'intensification de l'urbanisation, du développement industriel et de l'irrigation. L'agriculture est actuellement responsable de 70 % du total des prélèvements et, dans plusieurs pays, de plus de 90 %. Même si une marge importante peut être dégagée, il demeure que, dans les décennies à venir, il faudra produire pour nourrir une population toujours plus nombreuse, sur une surface limitée et, donc, augmenter les rendements avec un développement inévitable de l'irrigation. À ce constat, encore aggravé par l'irrégularité interannuelle et saisonnière de la ressource et de la demande en eau, s'ajoute le problème de la dégradation de la qualité de l'eau. En France, même si les prélèvements d'eau ne représentent qu'un quart des ressources, l'agriculture reste le premier consommateur et la dégradation de la qualité de l'eau ainsi que les crises estivales épisodiques ont changé la perception de l'intérêt de l'irrigation. Près de nous, les pays du sud de la Méditerranée sont dans une situation difficile. Face à ce problème, les États doivent promouvoir une politique de l'eau centrée sur l'augmentation de la ressource, sur sa répartition et sur une gestion plus économe et plus soucieuse de la qualité de l'eau. La recherche, quant à elle, doit s'organiser et privilégier quelques grands thèmes.