Les paysans boliviens toujours menacés
Résumé
La grande majorité des agriculteurs boliviens sont des paysans aymara et quechua vivant sur de très petites exploitations, en dépit de la réforme agraire de 1953, et délaissés par les pouvoirs publics, la politique néolibérale actuelle ne faisant que consacrer cet abandon. Malgré cette situation défavorable, ils contribuent pour 70 % à la production alimentaire du pays. Sans discontinuité depuis la conquête espagnole, ils furent l'objet de mesures qui semblent n'avoir eu d'autre fin que leur disparition. Ce fut d'abord le démantèlement par les colonisateurs, puis par les dirigeants républicains, des terroirs andins étagés savamment élaborés au long des siècles, la confiscation des meilleures terres par les haciendas, puis une réforme agraire très imparfaite qui autorisait curieusement la création de nouveaux latifundia et, enfin, le choix exclusif de pratiquer la culture du blé sur les terres nouvelles de l'Oriente ouvertes à l'agrocapitalisme, ce qui consacrait la marginalisation des petits producteurs traditionnels. Si les paysans, groupe d'ailleurs nullement homogène, semblent souvent réticents face au marché, c'est qu'ils savent bien que celui-ci, quand il leur est accessible, leur est systématiquement défavorable. Leur permettre d'échapper au monopole des intermédiaires locaux constitue la première condition incitative d'une intensification de leur production. La seconde est la valorisation de leur système agricole traditionnel parfaitement adapté au milieu si particulier des Andes.Téléchargements
Publié
1998-01-01
Comment citer
Franqueville, A. (1998). Les paysans boliviens toujours menacés. Cahiers Agricultures, 7(1), 55–62 (1). Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30067
Numéro
Rubrique
Articles