De l'État patrimonial à l'État néo-libéral : la politique agricole du Mexique

Résumé

L'État mexicain actuel s'est engagé dans un processus de libéralisation de son agriculture, d'intégration au marché mondial et nord-américain et de retrait de l'Etat. Ouverture d'un marché des terres, démantèlement des subventions, suppression ou restructuration des sociétés d'intervention et des offices par produits, abandon brutal d'une politique de protection du marché intérieur, tentatives de privatisation des instruments de la politique agricole (crédit, soutien des prix, organisation de la commercialisation et de l'approvisionnement, assurances, recherche et assistance agricoles) traduisent un changement complet d'orientation. Cette modification sans transition de la politique agricole est à mettre en relation avec l'endettement inconsidéré du Mexique qui a conduit à la crise de 1982 et à la mise en Å"uvre d'une politique d'ajustement structurel. L'application stricte des thèses néolibérales met en danger les producteurs modernes très endettés comme la masse des paysans pauvres, et remet en cause la légitimité du pouvoir du Parti révolutionnaire institutionnel (l'RI). Cette politique apparaît en effet comme un reniement du contrat social État-société mis en place lors de la révolution agraire de 1910. Aussi voit-on le pouvoir mettre en Å"uvre des programmes sociaux de court terme à l'efficacité réduite comme PROCAMPO, PRONASOL ou PRODUCE pour tenter de diminuer les coûts sociaux d'une telle politique, et masquer l'ampleur de sa conversion au tout libéral. La gravité de la situation agro-alimentaire en 1996 oblige à s'interroger sur la validité de la poursuite d'une telle politique, tant sur le plan social qu'économique ou politique.