Les ressources mondiales en eau et en sols : une limitation pour l'avenir

Résumé

La fourniture alimentaire d'une population de 8 à 10 milliards d'habitants pose des questions bien définies à la biotechnologie et qui peuvent être résolues. La limitation des ressources en sols et en eau apparaît, en revanche, comme un problème plus préoccupant. En ce qui concerne les sols, la surface effectivement cultivable ne concerne que 22 % des terres émergées (soit 3 300 millions d'hectares). Les sols cultivés représentent actuellement 1 500 millions d'hectares et on pourrait en déduire que la réserve est importante. En réalité, elle est majoritairement située dans les régions Sud du globe où s'exercent des contraintes majeures, soit chimiques (pauvreté chimique, acidité et toxicité aluminique), soit physiques (aridité). De nombreux processus de dégradation de nature physique, chimique et biologique provoquent également une importante perte en sols. La quantité d'eau douce disponible est elle aussi très limitée ; elle est très mal répartie et manque particulièrement dans les régions Sud du globe où elle est indispensable. Au niveau qualitatif, on assiste également à une détérioration de la ressource due aux pollutions. Si, au niveau mondial, on se dirige vers des « guerres de l'eau » entre différents pays, on assiste aussi à une grande concurrence entre les différents usages de cette eau. La consommation en eau de l'agriculture (70 %) ne pourra pas se maintenir longtemps à un tel niveau. Elle est actuellement utilisée majoritairement par l'irrigation qui concerne 275 millions d'hectares. La « Révolution verte » et les augmentations de rendement attendues pour l'avenir sont fondées sur un accroissement de l'irrigation. Actuellement, l'irrigation s'accompagne de près de 60 % de perte d'eau et conduit, dans les régions arides, à une salinisation secondaire des sols et à une pollution accrue des eaux. On a donc pour les deux types de ressources, sols et eau, des limitations similaires : limitation en quantité, non-renouvellement à court ou moyen terme, et dégradation quantitative et qualitative.