Récents progrès dans la lutte contre la sharka des arbres fruitiers à noyau

Auteurs

    Michel Ravelonandro
    Jean Dunez

Résumé

La production de fruits à noyau est, dans le monde, gravement compromise ou menacée par une maladie appelée sharka dont l'agent causal est un virus du groupe des Potyvirus. En Europe, des centaines de millions d'arbres fruitiers à noyau sont infectés et leur production est souvent impropre à la commercialisation. La maladie a été identifiée il y a une soixantaine d'années en Bulgarie et s'est étendue progressivement à l'ensemble de l'Europe. La sharka infecte les espèces Abricotier, Pêcher et Prunier. Des infections ont été récemment signalées sur Cerisier, mais il faut considérer de telles situations comme extrêmement ponctuelles. Les recherches à venir permettront de vérifier si réellement les espèces Cerisier (acide et doux) peuvent être hôtes du virus, affectées par la maladie, sources d'infection et si les souches infectant les espèces Cerisier sont différentes de celles connues sur les espèces Abricotier, Pêcher et Prunier. Si elle sévit essentiellement en Europe, la sharka est également présente au Moyen-Orient et en Égypte et sa présence a été rapportée au Chili. Cette maladie est une très grave menace pour l'ensemble des zones fruitières du monde et les pays qui en sont exempts appliquent des contrôles rigoureux pour éviter son introduction. Les efforts des pathologistes ont tout d'abord porté sur la cause de la maladie et sur sa diffusion. La connaissance de l'agent causal, son identification et sa dissémination naturelle ont permis la mise au point de techniques biologiques puis sérologiques pour la détection du virus. Devant l'absence apparente de sources de résistance, les stratégies de lutte se sont longtemps limitées à l'éradication et, là où celle-ci était inefficace, à la culture de variétés tolérantes qui présentent peu ou pas de symptômes. Les progrès réalisés au cours des quinze dernières années dans les différentes disciplines de la biologie, notamment en biologie moléculaire, ont fait apparaître de nouvelles approches pour entreprendre une lutte efficace contre ce virus. Des opportunités remarquables ont permis la synthèse artificielle de copies ADNc de l'ARN du génome viral et leur clonage dans un plasmide bactérien. Il a ainsi été possible de déterminer la structure primaire de l'ARN génomique viral. Ces copies ADNc ont aussi servi d'outils pour développer des techniques de diagnostic performantes telles que la mise au point de sondes moléculaires (ADN ou ARN), l'utilisation d'amorces oligonucléotidiques spécifiques et l'amplification génique (PCR). Avec le développement des techniques d'isolement, de manipulation et de transfert de gènes dans les plantes, il est devenu possible de créer des plantes transgéniques exprimant des séquences d'origine virale et capables de résister à une infection virale. Dans la dernière décennie, quelques variétés résistantes au virus ont été détectées chez l'Abricotier et chez quelques espèces de Prunus sauvages, permettant d'envisager de disposer prochainement de variétés issues de croisements intra ou inter-spécifiques, ayant un bon niveau de résistance à la sharka. Ces technologies doivent permettre de disposer d'un ensemble de stratégies de lutte destinées à limiter la diffusion du virus de la sharka dans les vergers et à réduire progressivement l'impact de la maladie.

Affiliations

Inra, Station de pathologie végétale, Centre de recherches de Bordeaux, BP 81, 33883 Villenave-d'Ornon, France.

Téléchargements

Publié

1995-05-01

Comment citer

Ravelonandro, M., & Dunez, J. (1995). Récents progrès dans la lutte contre la sharka des arbres fruitiers à noyau. Cahiers Agricultures, 4(3), 153–161 (1). Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/29881

Numéro

Rubrique

Articles