Utilisation de la chaîne alimentaire aquatique (algues, microcrustacés, poissons) pour le recyclage du lisier de porc

Résumé

Un système de lagunage est proposé pour éliminer les excédents de lisier de porc. Les éléments polluants (azote et phosphore) sont mobilisés par des microalgues (chlorococcales) qui sont consommées par des daphnies (crustacés cladocères), ces dernières étant distribuées à des poissons. Ces différents compartiments de la chaîne trophique sont élevés dans des bassins séparés, l'eau s'écoulant par gravité de l'amont vers l'aval ; elle est pompée dans le bassin terminal empoissonné et réutilisée, après mélange avec le lisier (fonctionnement en circuit fermé). Pour maintenir des biomasses et des productivités algales élevées (> 300 mg MS/l ; > 300 mg MS/l/j), il faut apporter de l'air enrichi en CO2 dans la culture, une agitation modérée étant assurée par un hydroéjecteur ou une roue à aubes. On évite ainsi les fréquentes floculations des microalgues qui se produisent, surtout en été, sous l'action de proliférations bactériennes. Les conditions suivantes traduisent un bon fonctionnement des cultures algales : transparence au disque de Secchi égale ou inférieure à 5 centimètres, moins de 5 mg/l d'azote ammoniacal, moins de 0,1 mg/l de nitrite, moins de 10 mg/l de nitrate. Le système fonctionne toute l'année (hors période de gel), mais les performances d'épuration sont, en moyenne, quatre à cinq fois plus faibles en hiver. Une biomasse algale de 300 mg MS/l permet l'élimination de 8 à 12 mg d'azote ammoniacal/l/j, le volume de lisier correspondant à cette charge dépendant du prétraitement auquel il a été soumis : décantation, filtration, liquéfaction, etc. Les élevages de daphnies sont faciles à gérer, avec une légère aération maintenue de mai à septembre-octobre lorsque les productions sont maximales (200 à 400 g/m3/sem d'organismes frais) et interruption des récoltes de novembre à fin mars, afin que l'effectif reste suffisamment élevé (100-200 individus/l environ) pour éliminer les algues apportées. Le bassin empoissonné se gère comme un étang de pisciculture.