Le melon en Guadeloupe : de la culture minière à la culture itinérante ?

Résumé

Dans un contexte local de recul de l'économie de plantation et de la recherche d'une diversification des cultures, des sociétés multinationales, spécialisées dans la commercialisation des fruits et légumes, saisissent l'occasion de s'installer aux Antilles pour produire du melon de contre-saison pour l'exportation. Cette occasion consiste à exploiter certaines rentes physiques et de situation (à savoir les conditions climatiques favorables et l'existence d'un réseau régulier de transport aérien) pour assurer la continuité de l'approvisionnement du marché européen en melon durant toute l'année, afin de maîtriser les circuits de distribution et de maintenir les parts de marchés. Ces entreprises retiennent la variété Alpha (hybride de type Cantaloup charentais) bien que moins résistante au regard des conditions climatiques et des maladies parasitaires que les variétés hybrides sélectionnées localement par la recherche. Leurs pratiques culturales (fertilisation et traitements phytosanitaires excessifs, absence de rotation) conduisent à la surexploitation du milieu et à la rupture des équilibres écologiques (prolifération de maladies cryptogamiques et pullulation d'insectes). Ceci risque à terme d'être préjudiciable à la reproduction des ressources naturelles, à la survie de la culture du melon d'exportation et au maintien des agriculteurs locaux dans le cadre de leurs activités agricoles familiales (maraîchage et élevage). Pour éviter une telle situation, une prise de conscience et une action concertée entre les différents partenaires seront-elles suffisantes ?