Chémoprotection indirecte contre les champignons phytopathogènes : concept et applications

Résumé

Plusieurs modèles illustrent le concept de la chémoprotection indirecte qui présente d'intéressantes perspectives dans la lutte contre les champignons phytopathogènes. L'induction et la libération de cutinase à partir de spores en germination ou de mycélium de Ascochyta pisi ou Mycosphaerella pinodes sont stimulées ou inhibées par des acides gras, en fonction de leur nature et de leur concentration. Les acides gras extraits d'un hydrolysat de cutine inhibent l'infection du pois par M. pinodes ; cette inhibition est levée par un apport de cutinase exogène, ou en blessant la surface de la feuille inoculée. Le traitement au triphénylphosphite inhibe l'infection du haricot par l'agent de la rouille Uromyces phaseoli. Cette inhibition s'exprime en bloquant la formation des suçoirs dans les cellules parenchymateuses, sans affecter la germination, la formation des appressoriums, le développement des hyphes pénétrants, ou la différenciation de la cellule mère de l'haustorium. Le développement de Phytophthora citrophthora dans les feuilles de Citrus est inhibé par traitement à l'acide phosphoreux. Le mécanisme en cause repose sur des effets indirects : après traitement avec l'acide phosphoreux, le champignon libère des éliciteurs de scoparone, une phytoalexine des Citrus. L'application de ces éliciteurs protège les feuilles de Citrus contre l'infection par P. citrophthora. L'éthionine et le dichlorvos, deux inhibiteurs de la synthèse in vitro d'ascochitine, une toxine de Ascochyta pisi, diminuent le diamètre des lésions formées par ce champignon sur les feuilles de pois. Les symptômes sont rétablis après un apport d'ascochitine exogène, ce qui suggère que la protection est due à l'inhibition de l'ascochitine.