Les facteurs de résilience de la caféiculture au Kenya : de la sécurisation alimentaire à la retraite

Auteurs

    Nicole Sibelet
    Mathilde Montzieux

DOI :

https://doi.org/10.1684/agr.2012.0563

Mots-clés


agroforesterie, anthropologie, café (plante), fonction d'épargne, institution sociale, kenya, sociologie rurale, stratégies

Résumé

Comme dans de nombreux pays, la filière caféière a été fortement touchée au Kenya par la crise internationale des prix du café de 1998 à 2004, doublée localement d'une forte inflation. Ces difficultés n'ont pas amené les services de vulgarisation agricole à remettre en cause la promotion de la monoculture caféière comme moyen d'optimiser la qualité de la production. En 2008, l'augmentation des prix des céréales et des intrants agricoles a encore réduit le pouvoir d'achat des producteurs. Aujourd'hui, les acteurs de la filière sont préoccupés par l'avenir de la culture au Kenya et ils s'interrogent sur sa rentabilité. L'objectif de la recherche est de comprendre les facteurs expliquant la permanence de la caféiculture dans ce contexte défavorable. Au cours des enquêtes menées en 2008-2010, 160 producteurs de trois coopératives localisées dans la principale zone productrice de café du Mont Kenya ont été interrogés sur leurs pratiques, activités et projets, agricoles ou non. Les résultats confirment que les bénéfices tirés de la production du café sont faibles, voire nuls, pour la majorité des producteurs. Cependant, les caféiers sont toujours présents au sein des exploitations agricoles. Ils sont insérés dans un système agroforestier où la production de café remplit de multiples fonctions : elle fournit un revenu monétaire, de l'emploi, une sécurité alimentaire et donne accès au crédit bancaire via la coopérative, ce qui permet aux ménages de payer les intrants et les frais de scolarité. En considérant les trois zones étudiées, les résultats montrent que les pratiques concernant la caféiculture sont liées à la capacité de la coopérative à gérer le risque en cas de crise, mais aussi aux opportunités de revenu et d'emploi offertes par d'autres productions. L'étude des dynamiques agraires dans la région du Mont Kenya a permis de comprendre le phénomène de résilience du café au Kenya et d'identifier des pistes de réflexion pour envisager un développement non plus focalisé sur la seule caféiculture mais sur l'ensemble des productions, y compris celle du lait.

Affiliations

Cirad UMR Innovation Turrialba Costa Rica, Cirad UMR Innovation F-34398 Montpellier France, CATIE Turrialba Costa Rica, ISTOM F-95094 Cergy Pontoise France

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Publié

2012-03-01

Comment citer

Sibelet, N., & Montzieux, M. (2012). Les facteurs de résilience de la caféiculture au Kenya : de la sécurisation alimentaire à la retraite. Cahiers Agricultures, 21(2-3), 179–191 (1). https://doi.org/10.1684/agr.2012.0563

Numéro

Rubrique

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