La culture du coton ne bouleverse pas les échanges traditionnels de semences de sorgho

Auteurs

    Sandra Delaunay
    Robers-Pierre Tescar
    Auguste Oualbego
    Kirsten vom Brocke
    Jacques Lançon

DOI :

https://doi.org/10.1684/agr.2008.0179

Mots-clés


économie et développement rural, productions végétales

Résumé

La plupart des cultivateurs de sorgho produisent leurs propres semences ou les obtiennent par échange. Ils utilisent peu les variétés proposées par les systèmes semenciers formels. C'est que l'échange de semences renforce les réseaux traditionnels de solidarité et favorise une gestion collective des risques, dans des conditions de culture particulièrement précaires. Notre étude vise à caractériser ces échanges et à vérifier si leur fréquence ou leurs modalités peuvent être modifiées dans un village produisant une culture commerciale, en l'occurrence, du coton. Elle a été conduite en 2004 et 2005 dans cinq villages du Burkina Faso. Les agriculteurs enquêtés ont été échantillonnés suivant la méthode « boule de neige », qui permet de reconstituer plus facilement l'ensemble des liens d'échange. Les résultats montrent que les agriculteurs achètent et vendent peu de semences lorsque leurs récoltes sont suffisantes. La plupart des mouvements de semences sont gratuits ou non marchands, et ils tendent à suivre des règles traditionnelles. Plus les individus sont proches géographiquement et socialement, plus les échanges sont nombreux. Ainsi, l'échange a le plus souvent lieu entre personnes de même village, de même ethnie, ou de même famille. Néanmoins, ces pratiques ne sont pas exclusives et elles coexistent avec des échanges entre personnes non apparentées et de villages éloignés. En 2005, la comparaison d'un village « coton » (Siby) avec un village sans coton (Tiogo) a montré que les producteurs de coton se comportent comme les autres agriculteurs. Ils échangent autant de semences et de la même manière. Les réseaux informels d'échanges ne semblent donc pas menacés par le coton. Ceux du village cotonnier sont moins fournis mais plus étendus. Le don et les échanges intra-ethniques restent privilégiés et les échanges marchands n'ont pas augmenté. En revanche, l'organisation sociale engendrée par le coton a favorisé le développement d'échanges nouveaux, entre amis, alors que, dans le village sans coton, les échanges sont restés essentiellement familiaux. Grâce au coton, certains agriculteurs peuvent thésauriser et accéder à un mode alternatif et individuel de gestion de risque, mais ils restent néanmoins impliqués dans le système traditionnel tout en intégrant de nouveaux membres dans leurs échanges.

Affiliations

Le Haut-Pont 35120 France, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), Unité propre de recherche (UPR) « Systèmes de culture annuels », Avenue Agropolis, TA B-102-2, Montpellier 34398 cedex 5, Institut de l'environnement et de recherches agricoles (Inera), Centre régional de recherche du Centre, Station de Saria, BP 10, Koudougou, Burkina Faso, 01 BP 596, Ouagadougou, Burkina-Faso, Unité propre de recherche (UPR) « Agrobiodiversité des plantes de savanes », TA A-08/01, 34398 Montpellier cedex 5 France, Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab), Direction générale, 01 BP 884, Cotonou Bénin

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Publié

2008-03-01

Comment citer

Delaunay, S., Tescar, R.-P., Oualbego, A., vom Brocke, K. ., & Lançon, J. (2008). La culture du coton ne bouleverse pas les échanges traditionnels de semences de sorgho. Cahiers Agricultures, 17(2), 189–194 (1). https://doi.org/10.1684/agr.2008.0179

Numéro

Rubrique

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