Amélioration du système de culture du Macabo, "Xanthosoma sagittifolium" (L.) Schott, en pays Bamiléké (Ouest-Cameroun)

Auteurs

    Jean-Luc Schafer

Résumé

Cet article décrit la première phase d'une expérimentation en milieu paysan (EMP) conduite au Cameroun entre 1989 et 1992 sur les hauts plateaux densément peuplés du pays Bamiléké (chefferie Bafou). Cette EMP vise à répondre aux inquiétudes des agricultrices concernant le déclin de la productivité du macabo (1,5 à 3,5 t.ha-1), Xanthosoma sagittifolium (L.) Schott, qui constitue la première culture à tubercules de la zone et l'une des principales ressources alimentaires des populations. Un diagnostic mené en 1989-1990 a permis de préciser trois axes possibles d'intervention : l'amélioration de l'itinéraire technique, l'introduction de cultivars performants et la mise au point d'une fertilisation minérale adaptée aux diverses situations culturales et aux contraintes paysannes. Un essai factoriel mené en 1990-1991 dans neuf situations culturales représentatives de la diversité du milieu a montré qu'une fertilisation minérale complète de 80 kg N, 200 kg P2O5 et 200 kg K2O par hectare, intégrée dans un itinéraire technique amélioré, permettait de faire passer le rendement moyen en tubercules-fils de 12,7 t.ha-1 à 22,6 t.ha-1 pour le cultivar local Bafou qui s'est toujours révélé supérieur à un cultivar introduit, pourtant réputé pour sa productivité. La fertilisation a favorisé un bon développement foliaire (indice foliaire moyen maximum de 2,14 contre 1,27), condition nécessaire à une tubérisation élevée largement synchrone. Bien que le précédent cultural ait influencé l'effet de la fertilisation NPK, la réponse positive du cultivar local Bafou s'est trouvée confirmée par un essai de validation mené en 1991-1992 dans dix-sept parcelles paysannes (rendement moyen de 11,4 t.ha-1 contre 3,4 t.ha-1), montrant en outre que la qualité organoleptique s'en trouvait améliorée. Malgré un contexte économique profondément modifié depuis 1992 (dont triplement du prix des engrais), la rentabilité économique de l'innovation, calculée en 1997, reste attractive sous réserve d'accès aux engrais et de disponibilités de trésorerie : pour l'essai de validation, la marge brute moyenne par hectare des douze parcelles fertilisées dont le précédent cultural n'était pas des aracées est de 1 082 000 F CFA contre 288 000 F CFA pour le témoin non fertilisé. La fertilisation à base de l'engrais diffusé pour le café (20.10.10) est tout à fait inadaptée au macabo et une formule 10.20.20 serait plus indiquée. Des EMP complémentaires incluant la fumure organique sont nécessaires pour affiner les conseils de fumure et pour analyser à moyen terme les performances techniques et économiques globales et l'évolution de la fertilité du système avec macabo « amélioré ». Enfin, l'actuel environnement socio-économique très mouvant de l'agriculture nécessite que soient entreprises de nouvelles démarches de terrain pour améliorer l'approche « système de culture » comme outil d'aide à la prise de décision pour les agriculteurs.

Affiliations

Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny, École supérieure d'agronomie, BP 277 Yamoussoukro, Côte d'Ivoire.

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Publié

1999-01-01

Comment citer

Schafer, J.-L. (1999). Amélioration du système de culture du Macabo, "Xanthosoma sagittifolium" (L.) Schott, en pays Bamiléké (Ouest-Cameroun). Cahiers Agricultures, 8(1), 9–20 (1). Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30145

Numéro

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