Conditions de valorisation du fumier et risques de lixiviation de l'azote

Auteurs

    Thérèse Atallah

Résumé

Dans les systèmes d'élevage actuels les déjections animales sont épandues sur terres cultivées en automne ou avant le labour du printemps. Cette pratique augmente les risques d'infiltration d'azote nitrique en-dessous de la zone racinaire. Un des facteurs déterminant le devenir de l'azote du fumier est son conditionnement avant épandage, soit par stockage en semianaérobiose, soit par décomposition aérobie ou compostage. Ce procédé est une dégradation accélérée par une microflore thermophile conduisant à une réduction de la matière organique, à une augmentation de la concentration en azote et ainsi à une baisse du rapport C/N. Cependant, les conditions de compostage sont propices à la volatilisation de l'azote sous forme d'ammoniac pouvant donner des bilans négatifs de 20 %. L'azote des substrats organiques peut être séparé en une fraction labile et une autre plus lentement minéralisable. L'évaluation du pouvoir minéralisateur ou inversement de la stabilité de la matière organique est basée sur des démarches biologiques ou chimiques. Les méthodes biologiques s'appuient sur des cultures sous serre ou des incubations à températures fixes. Les tests chimiques permettent l'extraction de l'azote à l'autoclave, par hydrolyse acide ou par digestion enzymatique. Ainsi dans une étude in vitro, le paramètre déterminant la cinétique de minéralisation de plusieurs types de fumier est rapport C/N. Pourtant, le meilleur indicateur de l'azote disponible à des plantes sous serre, reste la quantité de CO2 dégagée suite à une incubation. Les composts âgés présentent les taux respirométriques les plus bas suggérant une plus grande stabilité biologique. Dans les conditions de terrain, la réponse des plantes à un apport continu de fumiers n'est pas linéaire comme pour les engrais minéraux. Cela suggère des effets supplémentaires, en plus de l'« effet-précèdent » dû à la fraction lentement minéralisable. Ainsi l'application annuelle de fumier stocké a augmenté le rendement dans une prairie permanente de 15 % la 1re année à 35 % la 11e année. Il est cependant admis qu'en conditions tempérées, 25 % de l'azote des fumiers peut être disponible dès la 1re année. Le devenir de l'azote des déjections animales reste pourtant peu précis ; pour les terres arables, un minimum de 25 % de l'azote est « perdu » du système sol-plante. Cela s'explique en partie par une lixiviation dans le profil du sol, phénomène d'autant plus important que le sol reste sans couvert végétal jusqu'au début du printemps. A l'inverse des sols cultivés, les prairies ont jusque-là été considérées comme des systèmes de culture peu sujets à la lixiviation. Des études récentes ont montré que cela n'était plus vrai pour les pâturages intensifs à chargement important.

Affiliations

INRA-SAD, Route de Saint-Cyr, 78026 Versailles Cedex, France.

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Publié

1993-01-01

Comment citer

Atallah, T. (1993). Conditions de valorisation du fumier et risques de lixiviation de l’azote. Cahiers Agricultures, 2(1), 26–35 (1). Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/29770

Numéro

Rubrique

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