La culture du maïs peut-elle faire bon ménage avec l'environnement ?

Auteurs

    Jean-Pierre Moreau

Résumé

Depuis une quarantaine d'années, la culture du maïs-grain s'est considérablement intensifiée et répandue en France, d'abord dans les zones où elle était implantée traditionnellement comme monoculture des terres les plus riches, puis à partir des années 70 dans les zones d'assolement triennal, où elle a pris la place de tête d'assolement. Contrairement au blé, qui reçoit peu de fumure et d'intrants dans la majorité des régions agricoles des Etats-Unis, le parallèle peut être facilement fait entre les maïs américain et français, dont les rendements sont du même ordre de grandeur. Les conséquences néfastes de la culture du maïs sur l'environnement ont été officiellement reconnues aux États-Unis depuis plusieurs années, même s'il est encore difficile d'y « raisonner » l'ensemble des agriculteurs. En France, en dehors des adventices, jugées au début de l'intensification comme étant le principal facteur limitant du rendement, et dont certaines ont montré depuis de la résistance aux herbicides, les principaux ennemis du maïs sont des arthropodes : les chenilles foreuses, pyrale dans la moitié nord, sésamie et noctuelles dans la moitié sud, et plus récemment les pucerons, puis les acariens. Ces deux derniers groupes de ravageurs ont été favorisés par la généralisation des traitements insecticides et certaines modifications du milieu. Une meilleure stratégie de production intégrée (ou alternative comme disent les Américains), que l'on pourrait appeler « production raisonnée », puisque la lutte raisonnée est conseillée depuis longtemps par les firmes agro-chimiques, aurait pour tâche de coordonner assolements, fumures, herbicides et insecticides, avec le choix des variétés et des pratiques culturales. L'objectif, dans un contexte d'agriculture durable, devrait être non seulement de conserver l'ordre de grandeur de la productivité souhaitée, d'augmenter de manière significative la rentabilité économique et de réduire les transferts d'engrais et de polluants à la nappe, mais également de préserver un potentiel acceptable en agrobiocénoses régulatrices, aspect qui n'a pas été retenu jusqu'à présent dans les programmes et dans les stratégies à promouvoir. La gestion des espaces de la céréaliculture intensive va devoir obligatoirement se baser sur une préoccupation collective du respect de l'environnement. Peut-être n'est-il pas trop tard pour éclairer les différents partenaires et poursuivre avec eux une discussion commune ? Le maïs, rencontre entre une tradition ancienne et les nouvelles interrogations, pourrait servir de culture pilote.

Affiliations

Station de Zoologie, INRA Versailles, route de St-Cyr, 78026 Versailles Cedex, France.

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Publié

1992-07-01

Comment citer

Moreau, J.-P. (1992). La culture du maïs peut-elle faire bon ménage avec l’environnement ?. Cahiers Agricultures, 1(3), 189–195 (1). Consulté à l’adresse https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/29750

Numéro

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